L’ENLUMINURE : UN ART SUBTIL ET FASCINANT
Avant l’imprimerie, nous avons hérité d’un patrimoine absolument extraordinaire, un patrimoine d'exception : les manuscrits du Moyen-Âge.
Dix siècles de manuscrits calligraphiés, religieux et profanes, du Ve et XVe siècle, dont beaucoup sont enrichis d’illustrations, de décorations, d’images qui éclairent, mettent en lumière les textes (du latin « illuminare » ).
Ces images, ce sont les enluminures : de petites aquarelles très fines et vivement colorées, à base de pigments, avec ou sans ajout d’or ou d’argent, ainsi que des dessins à l’encre colorée, sur des parchemins (peau d’ovin ou de bovin). Certains de ces manuscrits ont été si richement ornés qu'ils faisaient partie des trésors royaux.
Précieux et fragiles, ils sont conservés dans les bibliothèques et visibles lors de quelques expositions. Certains ont été si bien conservés que leurs enluminures ont incroyablement gardé toute leur fraîcheur, leurs couleurs ont traversé le temps sans s'altérer.
Les musées où l'on peut en voir :
Le Musée de Cluny, musée national du Moyen-Âge, à Paris, qui a rouvert ses portes en 2022
Le Musée Marmottan Monet, à Paris
Dans les bordures des enluminures, beaucoup de motifs décoratifs, plus ou moins stylisés, sont inspirés par les fleurs et les plantes. La feuille d'acanthe, sous toutes ses formes est devenue un motif incontournable (on la retrouve partout, beaucoup en architecture).
Avec le temps les motifs floraux deviennent de plus en plus « réalistes » comme l'explique Claire Felloni, illustratrice et artiste naturaliste de grand talent, dans son livre : « Petites leçons d'aquarelle botanique » , Delachaux et Niestlé.
Dans son introduction historique de l'aquarelle botanique, je la cite : « Les peintres enlumineurs, peu à peu, donnent une place plus importante dans leurs ouvrages à l'observation de la nature, des saisons, des cultures et des jardins. Certains deviennent des spécialistes des bordures florales, comme Jean Bourdichon qui agrémente les Grandes Heures d'Anne de Bretagne, vers 1508, de très précises représentations de la flore sauvage, mais aussi de fleurs, fruits et légumes des jardins de Touraine » .
Un lien historique relie donc l'aquarelle botanique naturaliste et les bordures florales des enluminures.